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Un projet hôtelier de luxe à Ermioni, ancré dans une stratégie géopolitique et touristique

by Grece.IMMO sur 06/05/2025
Un projet hôtelier de luxe à Ermioni, ancré dans une stratégie géopolitique et touristique
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Nichée dans le golfe Argolique, Ermioni respire encore la tranquillité des villages de pêcheurs grecs. Pourtant, cette quiétude s’apprête à céder la place à un chantier d’envergure. Un fonds souverain des Émirats arabes unis, proche d’Abu Dhabi Investment Authority, vient d’annoncer un projet d’hôtel cinq étoiles à flanc de colline, face aux eaux turquoise du Péloponnèse.

Le terrain a été acquis discrètement fin 2024 via une société grecque de portage. Surface totale : 145 hectares. Objectif : construire un complexe hôtelier de très haut standing, incluant 60 suites, des villas privées avec piscine, un spa de 2 000 m² et une marina écologique. Coût estimé : 340 millions d’euros.

Stratégie touristique et influence régionale

Ce projet ne tombe pas du ciel. Depuis 2022, les Émirats multiplient les investissements dans le tourisme méditerranéen. Après la Crète, Malte et l’Andalousie, la Grèce devient leur nouveau laboratoire de diplomatie économique. Ermioni, à deux heures d’Athènes, incarne une rareté : un site côtier préservé, mais proche de Porto Heli, Spetses et Hydra — repères discrets de l’élite athénienne et internationale.

Voir aussi – The Height : L’Attrait des investisseurs immobiliers pour les biens de luxe en Grèce

Les autorités grecques ont validé le plan dans le cadre du programme Fast Track pour projets stratégiques. Le gouvernement Mitsotakis y voit une vitrine du repositionnement touristique de la Grèce vers le très haut de gamme, loin des modèles de masse.

Tensions locales et résistances discrètes à Ermioni

Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Une partie de la population locale dénonce une dépossession foncière orchestrée. Les agriculteurs craignent de perdre l’accès à certaines zones forestières. Des associations environnementales, comme Archipelagos, alertent sur la fragilité des fonds marins, menacés par les travaux de la marina.

Les promoteurs assurent respecter les normes européennes. Le complexe se veut zéro carbone, alimenté par panneaux solaires et désalinisation. Mais la transparence reste partielle. Peu d’informations filtrent sur les bénéficiaires effectifs du projet. Des ONG demandent une enquête sur le montage offshore qui a permis l’achat initial.

Un modèle économique réservé à l’élite

L’hôtel vise une clientèle internationale ultra-aisée. Séjours minimum : trois nuits. Prix estimé pour une villa : 3 500 euros par nuit. L’accent est mis sur la discrétion, avec héliport privé, accès maritime sécurisé et conciergerie multilingue. Des partenariats sont en cours avec des maisons comme Bulgari et Aman pour la gestion.

Ce modèle pourrait changer le visage d’Ermioni.

D’anciens propriétaires fonciers ont déjà commencé à vendre autour du périmètre. Les loyers flambent. Des habitants sont contraints de quitter le centre historique, faute de moyens. Le risque de gentrification rapide est réel.

L’ombre d’un soft power assumé

Au-delà de l’économie locale, c’est une manœuvre de puissance douce. Les Émirats, via ce projet, cherchent à renforcer leur ancrage en Europe du Sud. Ils s’insèrent dans un axe Athènes-Le Caire-Abu Dhabi, à la fois touristique et stratégique. Le soutien silencieux du gouvernement grec à cet investissement confirme l’alignement des intérêts.

Ce projet s’ajoute aux ports, bases logistiques et infrastructures numériques déjà cofinancés par les capitaux du Golfe. Le secteur du luxe n’est plus seulement une rente : il devient une extension de la diplomatie.

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